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La Mission Ouvrière : ouvrir sa tente aux réalités de ce monde

La mission ouvrière se veut à la fois une réalité diocésaine mais également nationale. Elle vit le jour en 1957 de la conjonction de deux approches. La première qui tient d’une intuition de l’épiscopat français et la seconde la présence réelle de chrétiens engagés au sein d’une classe ouvrière alors structurée. Hier comme aujourd’hui la problématique d’apostasie du monde ouvrier se pose – non pas sans contradiction – avec force pour l’Église.

De la classe ouvrière aux mondes ouvriers – populaires

L’un des enjeux principaux pour la Mission Ouvrière diocésaine, avec les mouvements qui la composent porte sur la capacité à se renouveler et à conduire une mutation radicale dans la manière d’aborder sa mission. L’atomisation ces vingt-cinq dernières années de la classe ouvrière en mondes ouvriers et populaires, avec le glissement d’une partie du     « prolétariat » vers le « précariat », se veut un défi majeur.

Paul Angleraud, délégué diocésain de la Mission Ouvrière en souligne les difficultés : « dans ce contexte, la rencontre et le dialogue ne sont pas toujours faciles à organiser entre des personnes qui ne vivent pas la réalité ouvrière de la même façon. Sans parler de la question de l’engagement « militant », ou de l’absence d’engagement, qui peut également éloigner des personnes. Ces questions autour du partage des réalités de vie et du militantisme sont importantes pour les membres de la Mission Ouvrière car elles sont au cœur même de la démarche de relecture, la révision de vie, que propose les mouvements d’action catholique qui forment la Mission Ouvrière ».

Innover dans l’agir

De son côté, Francis Boyer, membre du conseil national de l’ACO considère que « le mot ouvrier décrit néanmoins une situation sociale, même si cette dernière se veut bien différente de celle du passé. » Pour lui « Les réalités d’aujourd’hui, contraignent à aller vers les autres mouvements d’Église, vers les associations de quartier à l’instar de la ZUP de l’Aurence voire d’oser des rencontres collectives comme avec les GM&S ou individuelles pour témoigner de la vie et de la présence du Christ avec et au milieu des plus modestes ».

 Sur la manière d’aborder d’autres approches, Paul Angleraud apporte aussi quelques éclairages : « la collaboration avec une paroisse peut être fertile. Ainsi sur la paroisse de La Trinité, depuis 15 ans, l’action conjuguée des responsables de la catéchèse et de l’ACE a permis la naissance de plusieurs clubs avec une vingtain08d’enfants participants réguliers. Sur La Trinité, tous les enfants n’appartiennent pas au monde ouvrier, mais qu’importe du moment qu’ils vivent une expérience fraternelle qui les construit et les fait grandir ». Pour le délégué diocésain d’autres passerelles sont à rechercher, par exemple entre la JOC et l’Aumônerie de l’enseignement public. JOC qui vit l’arrivée de grands de l’ACE et  l’émergence d’une équipe de jeunes travailleurs à Saint-Junien.

Une dimension prophétique

« En 2015, à Lourdes, rappelle le père Xavier Durand, ancien délégué national à la MO, c’est d’un prophète qu’elle a reçu un appel à ne pas rester les bras croisés et les yeux fixés sur son seul avenir : élargis l’espace de ta tente (Isaïe 54,2) ». Et de préciser « Il lui est demandé de continuer une mission reçue dès l’origine : appeler et former. Cette mission est dans la lignée même du prophétisme qui appelle sans cesse à prendre la relève de la vigilance et de l’espérance. Maintenir cet effort malgré les manques durement ressentis est une des conditions de l’espérance ».

Bref, point de requiem pour la Mission Ouvrière. L’Espérance demeure.

Jean Philippe Tizon, diacre Permanent

et animateur de l’ACO diocésaine

Retrouvez l’intégralité du dossier en pages 9, 10 et 11 su Sillon n° 858 de mars 2023, en ligne sur notre site