Les bonnes fontaines
Les « bonnes fontaines » sont profondément inscrites dans le patrimoine limousin. Albert Goursaud en a dénombré plus de 250, rien qu’en Haute-Vienne.
On les appelait « bonnes fontaines» parce qu’on leur prêtait toutes sortes de vertus : pouvoir de guérir, procurer une faveur, faire se réaliser un vœu. Saint Martin, saint Jean, saint Roch, saint Eutrope étaient parmi les patrons les plus fréquents.
On y faisait la fête, mais en n’oubliant pas que cette assemblée était réunie pour la dévotion : une femme vendait des cierges et des chapelets à ceux qui étaient venus chercher un soulagement à leurs maux… Le rite consistait à faire neuf fois le tour du roncier situé près de la source, on allumait des cierges en récitant des prières ; on buvait l’eau claire de la source et on parlait aux ronces qui l’encadraient en disant : piqua lou (le mauvais sort, le mal) per mé sauva1.
Cette piété populaire aux visées thérapeutiques a fait sourire beaucoup de personnes mais ne nous sommes-nous pas trop moqués de ces gestes, manifestations de sentiments inscrits en des cœurs d’hommes ?
Dans un autre registre, ces fontaines peuvent réunir des indices laissant présumer l’existence de sites baptismaux paléochrétiens. Jean-Michel Desbordes2 donne un certain nombre de marqueurs : une église titrée de Jean-Baptiste ; la présence à proximité de cette église d’une source pérenne ; la proximité d’un itinéraire antique, la présence de vestiges antiques. La fontaine Saint-Jean, proche de l’église de Saint-Laurent-les-Églises et censée guérir les maladies affectant la marche des enfants et les maladies des moutons, pourrait ainsi avoir été un site baptismal paléochrétien.
Michel Deroin
1. A. Vialleville, La source du bon Saint-Martin à Peyramont, Bulletin CSSL n° 2.
2. Jean-Michel Desbordes, Aux origines du christianisme en Limousin, Travaux d’Archéologie Limousine.