Le diocèse de Limoges sous l’Occupation
L’exode de 1940 provoque l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés en Limousin. Devant cette catastrophe humanitaire, des clercs, des religieux et des fidèles, habitant dans le diocèse de Limoges, souhaitent aider les personnes pourchassées ou déplacées. Au péril de leur vie, ils agissent alors selon plusieurs formes de résistance : passive, administrative ou combattante en faisant preuve d’abnégation, de charité et de courage.
Certains aspects de la Révolution nationale avaient initialement été favorablement entendus par les diocèses de France. Ils relevaient notamment de l’éducation et de l’enseignement. Cependant, l’Église de France se retrouve les mains liées par le gouvernement et l’Occupant et découvre la politique progressivement antisémite du régime. Dès lors, les évêques la rejettent. La plupart, restés silencieux pour ne pas risquer l’emprisonnement de leurs prêtres, comme ce fut le cas en Allemagne, ne sont pas pour autant restés inactifs.
Dès 1938, Mgr Rastouil avait ouvert, un comité de secours de guerre visant à aider les réfugiés. L’organisme prit alors en charge des Espagnols, puis des évacués d’Alsace-Moselle et des juifs. En 1943, encourageant discrètement les prêtres en Résistance, notamment les abbés Élias et Varnoux, Mgr Rastouil tente de s’opposer à l’Occupant à travers la publication de la Semaine religieuse. En dépit de la censure, il parvient à dénoncer la guerre, en reprenant des extraits de messages pontificaux. Quant au STO, il ne peut le critiquer qu’en chaire lors de ses visites en paroisse.
Réprouvant les politiques antisémites de Vichy, qu’il qualifie de « barbares et inhumaines » et surtout « contraires à la doctrine de charité et d’entraide de l’Église catholique », l’évêque développe un réseau d’évasion et de secours en créant un groupe « Amitié chrétienne ». Ce groupe, initié avec l’aide du jésuite Roger Braun et du pasteur Albert Chaudier, contribue à sauver de nombreux juifs adultes ainsi que des enfants, cachés dans des familles, en lien avec l’Organisation de secours aux enfants (OSE).
Après le massacre d’Oradour, Mgr Rastouil est la première autorité française à s’indigner auprès de l’Occupant. Constant sur ses positions, il refuse d’assister au service funèbre de Philippe Henriot, abattu par la Résistance à Paris, ce qui lui vaut d’être arrêté par la Milice puis retenu en captivité pendant deux semaines.
Le 21 août, le soir de la libération de Limoges, l’évêque est ovationné sur la place de la mairie par les Limougeauds qui saluent son comportement courageux et son soutien lors des périodes difficiles de l’occupation.
Philippe Pasteau