Pape François • Un temps pour changer
Un temps pour changer est le nouveau livre du Pape François. Cette œuvre est le fruit de ses conversations avec le journaliste britannique Austen Ivereigh. L’ouvrage est sorti en France le 2 décembre aux éditions Flammarion.
Le Pape y livre ses réflexions sur un monde bouleversé par l’épidémie. Le Saint Père convoque notamment des souvenirs de sa jeunesse et revient sur des périodes qui lui rappellent l’épidémie de Covid, des périodes de solitude qui sont un enseignement pour l’avenir comme le temps où il souffrit d’une grave maladie : « Quand je suis tombé vraiment malade à l’âge de vingt et un ans, c’était ma première expérience de la limite, de la douleur et de la solitude. Cela a changé ma façon de voir la vie.
Pendant des mois, je n’ai pas su qui j’étais, ni si j’allais vivre ou mourir. Les médecins ne savaient pas non plus si j’allais m’en sortir. Je me souviens d’avoir serré ma mère dans mes bras et de lui avoir dit : dis-moi seulement si je vais mourir. J’étais en deuxième année de formation pour le sacerdoce au séminaire diocésain de Buenos Aires. Cette expérience m’a appris autre chose, à savoir l’importance d’éviter les consolations bon marché. Les gens venaient me dire que tout irait bien, qu’avec toute cette douleur, je n’aurais plus jamais à souffrir – des choses vraiment stupides, des mots vides, prononcés avec de bonnes intentions mais qui n’ont jamais rejoint mon cœur. Celle qui me parlait le plus profondément, avec son silence, était l’une des femmes qui ont marqué ma vie, sœur María Dolores Tortolo, l’enseignante de mon enfance qui m’avait préparé à la première communion. Elle était venue me voir, avait pris ma main, m’avait embrassé, s’était tue un instant, et puis, finalement, m’avait dit : « Tu imites Jésus. » Elle n’avait pas besoin d’en dire plus. Sa présence, son silence étaient profondément consolants. […] Après cette expérience, j’ai pris la décision, lors de mes visites aux malades, de parler le moins possible. Je ne fais que leur tenir la main ». Plus loin, il aborde aussi son séjour en Allemagne où il a vécu « la solitude du déracinement » : « On te prend là où tu es et on t’envoie là où tu ne sais pas, et durant ce processus tu apprends ce qui compte vraiment dans tout ce que tu as laissé derrière toi ». Ces différents moments de sa vie ont certes été des souffrances mais aussi des étapes qui l’ont fait grandir dans sa foi : « Ce que j’ai compris, c’est que tu souffres beaucoup, mais si tu le laisses te transformer, tu en sors meilleur. Et si tu t’enfonces, tu en ressors pire ».
Dans ce livre, le Pape propose aussi des réflexions sur le monde de l’après Covid-19 avec, entre autres, un vibrant plaidoyer en faveur d’un revenu universel, l’un des moyens, selon lui, de sortir de la crise. Ce livre résonne comme un cri d’alarme et d’espoir pour le monde de l’après-Covid-19.
Pape François
Un temps pour changer. Viens, parlons, osons rêver…, avec la collaboration de Austen Ivereigh ; préface de Mgr Benoist de Sinety, Flammarion, 16,90 €.