États Généraux du Patrimoine Religieux : l’enquête
L’Église de France a initié une enquête sur un état des lieux du patrimoine religieux entre septembre 2023 et décembre 2024.
Le premier enjeu était d’actualiser les données sur le patrimoine à partir de « l’état des lieux des églises en France » de 2015. Par ailleurs, le rapport parlementaire de P. Ouzoulias et A. Ventalon en 2022 brossait un tableau alarmant de la situation du patrimoine religieux avec la disparition d’ici 2030 de plus de 2500 églises. Les États Généraux ont dégagé trois objectifs :
– Contribuer à un inventaire du patrimoine religieux en France dans son état, sa richesse et sa diversité ;
– Travailler la notion d’usages compatibles culturels, solidaires, éducatifs avec l’exercice du culte au sein d’une église ;
– Aider les propriétaires et les affectataires à valoriser leur patrimoine religieux en proposant des fiches pratiques de la collection « faire vivre notre patrimoine religieux » sur le site des EGPR (etatsgenerauxdupatrimoinereligieux.fr). Par ailleurs, un guide du mécénat du patrimoine religieux a été publié ainsi que les résultats de la grande enquête dans le dernier numéro de Documents épiscopats.
Cette enquête, outil inédit de pastorale, est organisée autour de plusieurs thèmes : le patrimoine immobilier, mobilier et immatériel. L’enquête prend en compte les acteurs du patrimoine (pouvoirs publics, instances du tourisme, les mécènes, le clergé), la dimension d’accueil et missionnaire des églises et enfin leur univers sonore.
L’enquête a été réalisée dans le diocèse de Limoges par les membres de la commission diocésaine d’Art sacré en lien avec la Pastorale des réalités du tourisme et des loisirs, les prêtres, l’économe, des paroissiens et Monseigneur Bozo.
Le diocèse avec ses deux départements représente un important territoire rural, relativement déchristianisé mais qui offre une grande richesse architecturale de 560 églises. Lors de ses visites pastorales, l’évêque a pu constater qu’elles sont en grande majorité bien entretenues et restaurées par les communes propriétaires et largement ouvertes.
Les résultats de notre inventaire dessinent un paysage riche :
-d’églises, abbatiales, collégiales romanes et gothiques, issues de l’école limousine (portails, clochers, peintures murales)
– de trésors d’orfèvrerie et reliquaires médiévaux de « l’Œuvre de Limoges » avec pour particularité d’être, pour la plupart, conservés sur place dans les différentes églises.
En outre, les Ostensions septennales limousines, reconnues par l’Unesco « patrimoine culturel immatériel de l’humanité » nous parlent d’une tradition ancrée dans la foi chrétienne et d’une piété populaire toujours vivante. Il faut relever le rôle des 28 confréries et comités ostentionnaires et la mobilisation de la population pour le maintien et la transmission des Ostensions. Des statues de dévotion comme saint Léonard ou saint Goussaud, des processions aux bonnes fontaines liées au culte des saints locaux, des pèlerinages aux sanctuaires à Marie, complètent les différentes formes que prennent les pratiques religieuses dans le diocèse.
L’étude nous a permis de découvrir un important patrimoine campanaire XIIIe-XVIIIe jusqu’alors peu identifié.
Enfin, l’époque contemporaine a su se nourrir de la tradition médiévale, en particulier dans le domaine de l’émail, des vitraux et des décors peints.