Rencontre avec le Cardinal Omella
Archevêque de Barcelone, président de la conférence des évêques en Espagne et membre du conseil des cardinaux auprès du Pape François, il était présent dans notre diocèse à l’occasion des Ostensions de Chaptelat. Il nous parle de la place des saints aujourd’hui et de sa vision de l’Église.
Les Ostensions, c’est plus de 1000 ans de vénération des saints limousins. Comment avez-vous vécu cet événement, très spécifiques à notre région ?
Je les ai vécus avec une grande émotion car je ne connaissais pas les Ostensions. C’est beau de voir que vous gardez cette belle tradition de vénération des reliques et de faire mémoire de vos saints. La mémoire des chrétiens est une mémoire très grande, de respect envers les saints. Je vois dans cette tradition un appel pour nous tous à la sainteté, à vivre notre foi. Tout le monde peut devenir saint, car la sainteté c’est AIMER, aimer comme Dieu nous a aimés. Et je pense que cela est facile, avec l’aide du Seigneur.
Comment leurs vies témoignent-elles de l’évangile et nous permettent de ne jamais nous éloigner du Christ ?
Les saints nous montrent le chemin. Ils ont vécu dans les mêmes conditions que nous, avec des moments difficiles : la sécularisation, les tensions mondiales, les guerres, les conflits politiques, les problématiques économiques et même des difficultés dans l’Église. Qu’ont-ils fait ? Ils ont cherché trois choses, ils se sont attachés à la prière car c’est là que nous rencontrons le Seigneur, à l’eucharistie qui nous donne la force, puis, à l’amour et à la charité. Lorsque l’on sert les plus pauvres, nous touchons la chair du Christ. Nous devenons ainsi des témoins très humbles du Seigneur. Il ne faut pas être parfait, mais il faut que nous soyons des hommes et des femmes qui aiment, qui sont au service des autres et surtout, qui pardonnent.
Depuis le mois de mars 2023, vous avez intégré le conseil des cardinaux, le C9. Vous avez rejoint huit autres cardinaux venant du monde entier, tous appelés par le Saint-Père, pour l’aider dans le gouvernement de l’Église universelle. Comment l’accompagnez-vous dans ce ministère ?
Le Pape ne peut pas gouverner l’Église en étant enfermé à Rome, il a besoin d’écouter la voix de tout le monde. Il écoute les cardinaux qui ont l’expérience du gouvernement dans leur diocèse et qui sont les représentants de chaque continent. C’est important d’écouter Dieu à travers les autres et ne pas imposer ce que nous voulons. Voilà ce que le Pape veut : un gouvernement moins clérical mais plus en communion fraternelle.
Quels sont selon-vous, les grands défis auxquels notre Église est confrontée aujourd’hui ?
Notre défi principal est l’évangélisation. Dans un monde qui vit l’absence de Dieu, Il nous faut des témoins humbles mais courageux pour montrer les merveilles du Seigneur. J’ai été très ému lors de la Veillée Pascale lorsque j’ai baptisé un jeune adulte. Parmi toutes les religions, il avait choisi la religion catholique car il a découvert le pardon des ennemis. Nous avons là un message formidable à donner au monde d’aujourd’hui. Il ne faut pas nous diviser mais montrer que nous sommes capables de nous unir, de nous pardonner malgré les différences et les diversités. Nous sommes tous humains, pourquoi ne pas vivre cette fraternité ? Car cela nous donne de l’espérance !