Éditorial

Dans le secret

« Ce que tu fais de bien, fais-le dans le secret », ce refrain rythmait la page d’évangile entendue au mercredi des cendres. Il retentit aujourd’hui avec force dans une société où règne l’ostentatoire, la mise en scène, le déferlement de messages jetés sur la place publique des réseaux facebook ou twitter… C’est fou ce que nous sommes en représentation !

Retrouver dans un monde surmédiatisé la pratique des gestes gratuits, des services rendus tout simplement dans la discrétion sans se donner en spectacle, voilà une grande ascèse pour notre temps !

Le Bon Dieu, lui qui les voit, rend grâce pour les milliards d’actes d’amour qui clignotent chaque jour tout autour de la planète. Heureusement cela échappe aux professionnels des shows médiatiques et paparazzi de tout bord. « Ils ont des yeux et ne voient pas », dit la Bible.

Accomplir dans le secret, la prière, le service du frère et le dépouillement, n’a rien à voir avec la loi du silence ou le règne du secret. Cela ne relève que de notre conscience et d’un acte volontaire dont nous sommes seuls les témoins et les juges.

Cette attitude nous rend beaucoup plus indulgent vis-à-vis des autres. N’y aurait-il pas, même derrière les barreaux de nos prisons, des actes de repentir, de pardon, de prière, de service ? Les aumôniers de prison en témoignent dans le dossier de ce mois.

Les adultes qui ont pris le chemin vers la célébration de leur baptême en la nuit de Pâques, ont fait un choix que Dieu seul et eux seuls, connaissent. Car le baptême « est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite. » nous rappelle saint Pierre (1P 3, 20)

Sans conscience éclairée, éduquée, formée, pourrait-on vivre dans le secret du cœur les choix existentiels et quotidiens de notre vie avec « une conscience droite » ?

Quel bonheur de savoir qu’en chacun de nous et qu’en chaque être humain existe une terre que nul autre ne doit et ne peut ravir !

Jean-Marie Mallet-Guy