La petite fille Espérance…
Comme préparation à l’année ostentionaire de 2023, j’ai suggéré l’an passé, dans ma lettre pastorale En route vers les ostensions, de nous laisser guider par les vertus théologales. L’année de la Foi, qui s’est conclue par un beau pèlerinage sur le chemin de saint Jacques en sa partie limousine, début juillet, a peut-être contribué à affermir ou revivifier notre foi, personnelle et commune, en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Cette année pastorale 2021-2022 est donc placée sous le signe de l’Espérance. Cette vertu que Péguy appelle une « toute petite fille de rien du tout », quand il la compare à ses deux grandes sœurs, la Foi et la Charité, qui « vont de soi », alors que « c’est d’espérer qui est difficile ».
La Foi ne voit « que ce qui est ». La Charité n’aime « que ce qui est », explique Péguy, ce qui n’est déjà pas rien… L’Espérance, elle, voit et aime « ce qui sera ». Elle n’est pas le simple optimisme, vite balayé par les mauvaises nouvelles, dont nous sommes suffisamment abreuvés ces temps-ci. Elle est une ancre jetée dans le Ciel, elle y oriente notre regard et notre cœur. Non pour fuir ce monde et notre responsabilité en son sein, mais pour mieux l’habiter en témoins du Christ.
Nous demanderons ensemble d’être fortifiés dans l’Espérance qui « ne déçoit pas » (Rm 5, 5), de puiser en Dieu seul notre Espérance. Nous ne serons alors délivrés ni des combats ni des difficultés, qui font partie de notre pèlerinage terrestre. Mais nous les aborderons avec la certitude qu’en « tout cela, nous sommes les grands vainqueurs, grâce à Celui qui nous a aimés » (Rm, 8, 37).
Cultiver cette vertu d’Espérance, don de Dieu, c’est porter sur l’Église un regard juste, c’est-à-dire surnaturel, qui ne s’arrête pas aux querelles de chapelles ou de personnes, voire aux scandales, qui la défigurent. Notre énergie et notre réflexion, déployées au service de l’Église, doivent se concentrer sur la question urgente de l’évangélisation, qui est sa raison d’être.
L’assemblée synodale de la Pentecôte, préparée par les contributions déjà envoyées à l’équipe diocésaine (et qui peuvent encore lui parvenir), sera un moment fort de prière et de discernement, afin qu’ancrés dans cette Espérance, nous entendions ce que « l’Esprit dit aux Églises » (Ap. 2, 7) pour que notre diocèse poursuive sa longue route dans l’histoire et honore pour aujourd’hui ce que Dieu attend de lui.
Je vous souhaite une bonne année de l’Espérance et compte sur vous pour en être les témoins !
+ Mgr Pierre-Antoine Bozo