Diocèse de Limoges

Message de Mgr Pierre-Antoine Bozo

Pour ce Mois Missionnaire Extraordinaire qui s’ouvre, je devrais vous inviter à  l’audace missionnaire.

Je n’y renonce pas. Je l’ai fait en particulier dans une Lettre aux diocésains, le 3 septembre. Mais il se trouve qu’un sujet d’actualité nationale s’invite en ce mois d’octobre. C’est le projet de loi relatif à la bioéthique. Comme vous le savez peut-être, un petit livre intitulé La dignité de la procréation, publié par la Conférence des Évêques de France et signé par tous ses membres, est venu apporter un éclairage chrétien sur un des enjeux importants – encore qu’il ne soit pas du tout le seul – de ce projet de loi : l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes.

La procréation médicalement assistée (PMA) désigne les pratiques liées à la conception de l’enfant sans l’union sexuelle de la femme et de l’homme. Aujourd’hui autorisée pour des couples stables formés d’un homme et d’une femme en cas d’infertilité, le projet de loi vise à la rendre possible pour toutes les femmes qui le souhaitent, en dehors du cas d’infertilité.

On est loin de la question missionnaire. Faut-il se battre sur tous les fronts ? Est-ce aux chrétiens de se préoccuper de ces questions législatives qui touchent la vie privée des gens ? Oui, quand la dignité de l’homme et le bien commun sont en jeu.

Au motif très compréhensible de la souffrance de ne pouvoir transmettre la vie, doit-on transformer la procréation en une prestation technique et la dissocier de la relation de l’homme et de la femme ?

Mesure-t-on quelle boîte de Pandore on ouvre ainsi ? La loi peut-elle décider de priver un enfant de père ? La solidarité nationale, qui peine à prendre en charge le remboursement des soins, spécialement au profit des plus faibles, doit-elle financer des prestations qui ne concernent ni des pathologies ni, donc, la médecine ? Peut-on prendre le risque de favoriser ainsi un « libéralisme procréatif », avec toutes les dérives eugéniques qui y sont liées (comme on le voit déjà en certains pays, on paiera plus pour avoir un enfant conforme à ses souhaits, puisque la technique le permet…) ? Pourquoi le principe de précaution et l’attention écologique ne sont-ils pas invoqués en ces domaines relatifs à la transmission de la vie et à la génétique, où nous jouons les apprentis sorciers ?

Ces questions sont graves. Elles concernent notre vie commune. Il me revient de vous inviter à en prendre la mesure. Il me revient aussi de vous inviter à vous (in)former et à (ré)agir. Par tous les moyens qui sont à la disposition d’un chrétien vivant dans un état de droit, c’est-à-dire uniquement des moyens respectueux de tous, pacifiques, légaux. Ils sont nombreux. C’est à chacun de les discerner et de s’engager. À tous aussi il revient de prier.

La mission d’annoncer Jésus-Christ Sauveur, que le Pape François veut réveiller dans l’Église en ce Mois Missionnaire Extraordinaire, concerne tous les hommes. Elle nous oblige à ne pas nous désintéresser de ce qui concerne les conditions de sa venue à l’existence et du respect de sa dignité.

Mgr Pierre-Antoine Bozo