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Noël au Burkina

Interview de Pierre Sanfo, curé de la paroisse Sainte-Blandine.

Vous avez été curé à Kongoussi et dans d’autres paroisses. Comment les chrétiens préparent-ils Noël, et se préparent-ils à Noël ?
 
Au Burkina Faso, la fête de Noël touche toutes les religions. La fête de la naissance d’un enfant est toujours un heureux événement pour toutes les croyances. De plus, Noël a lieu en temps de fraîcheur, où ne sévissent pas encore les épidémies. Enfin, Noël se situant juste à la fin des récoltes est une période faste où chaque famille est en mesure d’organiser une petite fête.
Pour bien célébrer la fête de la naissance du Sauveur, les chrétiens s’y préparent à la fois matériellement et spirituellement. Pour la préparation matérielle, on fait le nécessaire pour s’habiller aux couleurs de Noël. Des pagnes sont confectionnés à l’occasion de Noël tout le monde s’efforce de s’en procurer. On pense tout naturellement aussi au menu de la fête. Il y a des échanges de cadeaux entre familles pour que la fête soit belle. Entre-temps, on n’oublie pas de préparer les lieux du culte. Quelquefois, il y a l’herbe à arracher aux abords des églises ; les églises elles-mêmes sont lavées et les bancs astiqués.
Il y a aussi la préparation spirituelle. Puisque Noël célèbre le Don du Fils de Dieu aux hommes, chaque chrétien tente de faire quelque chose pour donner de la joie à sa famille, à ses voisins et les pauvres ne sont pas oubliés. Je me souviens, quand j’étais enfant, qu’à l’approche de Noël, un chrétien venait livrer gracieusement une charretée de bois de chauffe à ma mère qui était veuve. Il y avait beaucoup d’initiatives individuelles et collectives dans ce sens.
Dès la période de l’Avent, il y a des paroisses qui organisent des retraites spirituelles, avec des temps d’enseignement et de prières. C’est au cours de ces rencontres que beaucoup de chrétiens reçoivent le sacrement de réconciliation et donnent leur contribution pour le denier de culte. A l’approche de Noël, les personnes âgées et les malades reçoivent aussi la visite des prêtres pour se confesser et communier.

Racontez-nous ce qui caractérise la fête de Noël au Burkina, en comparaison avec ce que vous vivez maintenant comme curé en Creuse et à Limoges.

Il faudrait encore parler de l’engagement des chorales qui font beaucoup de répétitions pour que la liturgie soit belle, ou des enfants qui préparent des crèches, des veillées de Noël, des bébés qui sont baptisés alors que se célèbre la naissance du Sauveur, etc…
Mais l’accent est mis sur notre disponibilité à accueillir pleinement l’Enfant de Bethléem qui naît pour nous. Je me souviens qu’une année, à Kongoussi, au cours de la messe de la nuit de Noël, la communauté a voulu exprimer sa reconnaissance à l’Enfant-Dieu qui naît à Noël. Ainsi, juste après l’homélie du prêtre, une crèche vivante s’est mise en place. Une femme qui représentait Marie tenait un bébé, Jésus, et à côté, il y avait un homme, Joseph. Chaque quartier de la ville de Kongoussi envoyait des représentants pour aller rendre hommage à Marie et à Joseph qui ont accueilli la naissance du Fils de Dieu. Après les longues salutations d’usage, vient l’offrande des présents, car on ne salue pas le roi les mains vides. Il y a eu les cadeaux les plus divers.
Il y avait du savon pour la toilette de l’enfant, ainsi que de l’huile pour adoucir son corps, des condiments pour que la sauce soit appétissante, car il faut que la maman récupère des forces pour allaiter l’enfant. Il y avait même des couvertures, car l’enfant est né en période de froid. Il y avait enfin des enveloppes d’argent pour ce qui pourrait manquer au couple et à l’Enfant.
En Creuse où j’ai vécu trois Noël, il y a des similitudes, surtout dans la préparation spirituelle. Des gens viennent faire le ménage à l’église et font des décorations. On prépare les enfants pour faire des crèches et les veillées de Noël. A l’approche de Noël, beaucoup de jeunes célèbrent la lumière de Bethléem. Durant tout le temps de l’Avent, des adorations eucharistiques sont proposées dans les églises des Relais, ainsi que le sacrement du pardon. Et comme beaucoup de familles se rassemblent à Noël, les célébrations sont joyeuses et ferventes.

Quel message de Noël souhaitez-vous adresser aux lecteurs  du Sillon ?

Dieu a un amour si grand pour nous, qu’il nous a donné Jésus son Fils. Dieu n’a pas de Don plus grand à nous faire que celui de son Fils. Pour manifester notre reconnaissance à Dieu, accueillons son Don, chérissons Jésus, il est notre Sauveur et notre Dieu. Aimons aussi nos frères et sœurs, c’est le sens de Noël. Et si nous arrivons à pardonner, là nous ressemblons vraiment à Dieu qui nous a pardonné sur la croix.

Joyeux Noël à tout le monde !
Père Pierre SANFO