Regard sur l’Art
La Vierge en majesté de Notre-Dame-du-Pont à Saint-Junien
Adossée au bourg de Saint-Junien, en bord de Vienne, la chapelle Notre-Dame-du-Pont abrite une des statues les plus vénérées du diocèse que Louis XI, ardent défenseur du culte à Marie, est venu prier à deux reprises, en 1463 et en 1464. Exposée sous le dais du maître-autel, la statue en pierre calcaire monolithe à la polychromie effacée, date du début du XIIIe siècle; elle est classée M.H. Assise sur un trône en position frontale, figée dans une solennité sacrée, la Vierge présente l’Enfant, aux traits d’adulte, assis sur son genou gauche. Elle est vêtue d’une robe à large encolure lui dégageant le cou, ornée de manière réaliste d’un galon d’orfrois et d’un manteau aux plis lourds qui s’incurvent entre les genoux. Dans la main droite, elle tient contre elle un sceptre fleuri à trois branches comme la Vierge du tombeau de saint Junien de la collégiale. Elle porte une couronne plate orfévrée, tout comme l’Enfant dont la coiffure, aux cheveux couvrant les oreilles, est à la mode sous saint Louis. Habillé d’une longue tunique plissée laissant voir ses pieds nus, il bénit de la main droite et de l’autre, il tient la sphère du monde. On peut constater la similitude des deux visages, refaits à une date inconnue. Leur ressemblance marque la notion de descendance et la maturité de l’Enfant sa préexistence par rapport à celle de sa mère. Cette iconographie de la Vierge, trône de Dieu, nait dès le IVe siècle, à la suite du concile d’Ephèse où Marie est proclamée « Theotokos, Mère de Dieu » et va se diffuser dans l’Europe entière, particulièrement à l’époque romane, en raison du renouveau du culte marial au XIIe siècle. Puis aux Vierges trônantes placées dans l’univers céleste succèderont les Vierges de tendresse, plus empreintes d’humanité. Vous pourrez la contempler avec d’autres Vierges lors de la visite commentée du 29 juillet 2025 qui vous conduira de Saint-Junien à Saint-Victurnien (voir la future brochure de la PRTL).
Françoise Maison – CDAS