Solidaire… à partir de Noël !
La solidarité à Noël ? Et pourquoi pas à partir de Noël ? Un esprit à vivre toute l’année !
Tous les ans, à partir de début décembre, je reçois plusieurs appels téléphoniques ou questions en direct de personnes me demandant si, le jour de Noël, La Bonne Assiette pourrait les accueillir en tant que bénévoles pour servir le repas de midi, ou si toute autre association caritative pourrait leur permettre de se rendre utile autour de cette journée de fête.
Souvent ces demandes m’agacent un tantinet. De fait, je préfèrerais mille fois entendre au téléphone la question : « Qu’est-ce que je pourrais bien faire à partir de Noël pour aller un peu plus vers les autres ? ».
Car les volontaires de nos associations qui œuvrent tout au long de l’année n’apprécient pas forcément de voir « débarquer » le 24 ou le 25 décembre des gens qu’ils ne reverront plus après, quand ils viennent au nom d’une sorte de pulsion de solidarité ponctuelle ! Les bénévoles réguliers savent que l’enjeu de la rencontre des plus pauvres mérite mieux qu’un « one shot ».
Attention ! Si la fête de Noël nous réjouit, elle peut nous culpabiliser aussi. Nous dépensons parfois des sommes déraisonnables pour gâter nos proches et réjouir nos papilles, et nous sommes parfois un peu penauds d’être si prodigues en sachant que d’autres, moins chanceux, manquent du minimum vital. Cela nous incline, de fait, à être plus généreux aussi dans ce que nous pouvons partager avec eux : c’est en novembre et décembre que la plupart des associations caritatives perçoivent plus de la moitié de leurs dons…
De même, nous pouvons penser qu’il est absolument nécessaire de montrer un peu d’attention aux plus petits dans un moment où nous en donnons beaucoup à nos proches. C’est peut-être une fausse bonne idée, car ce temps, cette attention, ils en ont besoin en permanence.
À ce propos, en fin de ce dossier, vous pourrez trouver quelques idées de ce que vous pourriez partager et faire à partir de Noël si le cœur vous en dit.
Cependant, il y a bien une motivation à prendre en compte sérieusement dans les demandes ponctuelles de bénévolat le jour de Noël : celle de l’insupportable solitude de ceux qui ont subi une séparation, ou qui vivent l’éloignement ou l’indisponibilité de leurs proches, et qui cherchent dans l’action de solidarité un sens à leur journée et une vraie rencontre plus qu’une simple action. Alors, oui, une solitude peut rejoindre d’autres solitudes et les aider à se dissoudre mutuellement dans un vrai bon moment de fraternité.
Résumons-nous : Noël invite au service, oui, mais surtout à la rencontre durable du Christ et de nos frères les plus fragiles ; si nous nous y sentons appelés, n’hésitons-pas, mais dans la durée. Elle nous apportera le bonheur.
Joyeux et fraternel Noël à tous !
Jean-Paul Suchaud, animateur du Conseil diocésain de la solidarité
Retrouvez l’intégralité du dossier dans Le Sillon n° 877 de décembre 2024 en ligne