« Marie méditait toutes ces choses en son cœur » (Lc 2, 51)
Dans un monde où le temps semble s’accélérer, comme une fuite en avant de plus en plus rapide, avec une saturation d’informations qui défie nos capacités de digestion, le temps du Carême arrive à point nommé.
En nous conduisant avec Jésus au désert, à l’écart de l’agitation du monde, il offre de rentrer en nous-même, de ralentir le rythme, de nous détacher un peu de l’addiction aux informations en temps réel, qui interdisent le discernement et la prise de recul. Dans l’Église, parce que « la Charité du Christ nous presse », nous « urge », existe aussi le risque d’enchaîner les événements et de devenir des activistes, fussent-ils bien intentionnés.
Pour conjurer ce risque, profitant de la grâce du Carême, je vous propose de « méditer dans votre cœur », comme la Sainte Vierge, deux récents moments de la vie diocésaine qui ont conclu l’année ostensionnaire : les « ostensions de la charité » en novembre et la consécration de notre diocèse au Cœur de Jésus et Marie, le 8 décembre.
Les saints limousins, en nous entraînant à la suite de Jésus-Christ, nous stimulent à aimer en vérité nos frères les plus pauvres et à le faire ensemble. Comment continuer et amplifier ce beau chemin de charité dont notre Église diocésaine peut s’honorer, sans pour autant se sentir jamais quitte ? Chacun de nous (se) donne-t-il, avec tout ce qu’il est capable de donner ? Quels sont les appels du Seigneur ou les cris des pauvres que nous n’entendons pas ?
Le 8 décembre avec une belle représentation de tous les diocésains, en un moment exceptionnel et simple à la fois, j’ai consacré notre diocèse au Cœur de Jésus et Marie. Nous avons voulu ainsi nous approcher davantage de la source vive de l’Amour de Dieu, manifesté à travers le Cœur de Jésus et de Marie et nous y arrimer fortement. C’est comme un grand « oui » du diocèse, en réponse à Dieu qui nous a aimés le premier. Si chacun de nous reprenait personnellement les mots de l’Ave Cor de saint Jean-Eudes, que nous avons prié ensemble dans la Cathédrale ce jour-là, nous redirions personnellement ce « oui », nous nous recentrerions sur l’essentiel et, selon la promesse de Jésus, tout le reste nous sera « donné par surcroît » (Mt 6, 33).
+ Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges