Éditorial

Carême : une incomparable école de charité

Ce numéro du Sillon nous trouve lancés dans le Carême. Si, en France, nous vivons des temps compliqués, nous demeurons cependant très privilégiés en ce qui concerne le niveau de vie, de soins, les infrastructures de notre pays… Bien sûr, nous aimerions que les plus modestes aient un niveau de vie plus décent, que les urgences ne soient pas engorgées, que le train relie plus rapidement Limoges à Paris. Il n’est pas interdit de lutter pour cela, par des moyens conformes au droit et à l’évangile.

Mais nous sommes suffisamment informés pour mesurer à quel point il est souvent indécent de nous plaindre en comparaison de tous les maux qu’entrainent la guerre et le terrorisme, au Sahel, au Congo, en Syrie, en Ukraine, en Birmanie, en Arménie, en Iran, en Irak…

Je ne sais comment les chrétiens, en ces lieux, vivent le jeûne et le partage, quand certains sont privés de tout. Mais je sais combien leur détresse donne sens, pour nous, à ce qu’ont de vraiment libre et volontaire, la prière, le jeûne et le partage. Choisir de nous priver de nourriture, d’un peu de chauffage ou d’écrans, alors qu’ils sont à notre portée, pour compatir, c’est-à-dire, bien petitement,  «souffrir avec». Choisir de donner, pas seulement de notre surplus, mais de notre nécessaire, parce que certains en manquent. Prier enfin, comme un véritable moyen d’action, pour un monde plus conforme au projet divin…

Notre Carême a plus de sens que nous ne le mesurons. Il est une incomparable école de charité.

+ Mgr Pierre-Antoine Bozo

Évêque de Limoges