Qu’est-ce donc qu’une « Lanterne des morts » ?
En ce mois de novembre, après la solennité de la Toussaint qui chante le bonheur de l’Église triomphante, nous nous souvenons de nos défunts.
Au Moyen Âge plus qu’aujourd’hui, la mort, les fins dernières, les défunts, font partie du quotidien des hommes. Cela se matérialise par des cimetières presque toujours auprès des églises, le plus souvent au coeur des cités, des villages. Dans notre Limousin, à l’époque romane (du XIe au début du XIIIe siècle), des monuments particuliers ont été imaginés par nos aieux : les lanternes des morts. Notre diocèse en compte une petite vingtaine.
Dans la plupart des cas, il s’agit d’un édicule qui prend la forme d’une tour creuse dont le sommet ajouré constitue un lanternon surplombant toutes les sépultures. Ces constructions servent de fanal : le sommet était aménagé pour qu’une lumière puisse y être hissée. Ces petits édifices restent encore peu documentés. Le seul témoignage écrit qui évoque ces constructions est un passage du De miraculis de Pierre le Vénérable (1092-1156), abbé de Cluny.
Plusieurs questions doivent être posées quant à la fonction de telles constructions ! Ce qui est incontestable, c’est qu’elles servent à hisser une lumière. Cependant, est-ce un point de ralliement, une lumière qui éloignerait de certains dangers ? Est-ce pour signifier que le Seigneur veille sur nos défunts ? Cette lumière qui brille s’oppose-t-elle aux ténèbres, c’est à dire au mal qui rôde ? Est-ce une lumière symbolisant l’attente vigilante… ? Une liturgie était-elle célébrée alors que la lumière était hissée au sommet du fanal ? Autant de questions qui restent sans réponse définitive….
Des siècles après, nos connaissances sont limitées concernant ces édifices. Ces monuments nous parlent de la mort et donc de notre devenir mais au-delà, ces colonnes désignant le ciel nous proposent de voir plus haut. Et surtout d’y trouver la lumière ; une lumière qui nous propulse évidemment vers Celle qui ne s’éteint pas !
Abbé André Venitus +