Carême d’exception
Quarante jours au désert, avec le Christ, pour accueillir le don du Salut célébré dans son Mystère Pascal et changer de vie : ce carême 2020 ne déroge pas à la règle. Il est pourtant différent, à cause d’un virus qu’il est inutile de nommer. Cette pandémie sans équivalent dans l’histoire récente nous impose d’aller au désert à marche forcée.
Nous lisons en ce moment au bréviaire le récit de l’Exode : le peuple juif quitte la terre d’Égypte sans aucune sécurité, sans savoir ce que sera le lendemain, dans sa marche vers la terre promise. Il vitupère contre Moïse, il crie vers Dieu. Il a du mal à faire confiance, en ces heures troublées.
Nous qui sommes si habitués à notre confort, à notre sacro-sainte liberté d’aller et venir, nous voilà contraints comme jamais, restreints, confinés. Nous nous demandons ce que le Seigneur nous dit à travers tout cela et avons du mal à apercevoir la terre promise où il nous conduit… Certains d’entre nous sont plus particulièrement éprouvés et mis à l’épreuve, selon les conditions de vie et de santé qui sont les leurs.
Tous, tout d’un coup, nous mesurons que notre civilisation techniciste hyper puissante, dont le pouvoir semblait absolu, est complètement dépendante d’une nature que nous sommes incapables de domestiquer totalement et qui nous le rappelle par ses dérèglements climatiques comme par ce minuscule et incontrôlable virus qui met le monde à l’arrêt.
Face à cela, la foi nous redit que ce monde a été remis entre nos mains par le Créateur pour le bien de l’homme, pour qu’il en jouisse sans le détruire. Elle nous assure également qu’il y a un lien, difficile à préciser, entre nos péchés et les dérèglements et disharmonies de la création. Elle nous dit enfin, avec les Pères du Concile Vatican II, que « la créature, sans le créateur s’évanouit » et que « l’oubli de Dieu rend opaque la créature elle-même » (Gaudium & Spes, 36).
Au fond, tout dans cette crise sanitaire rejoint l’appel du Carême à la conversion, à la prière, au jeûne et au partage et appelle les catholiques à un surcroît de foi, d’Espérance et de Charité.
L’évolution rapide de la situation sanitaire et le manque de visibilité qui en résulte ne permet pas de vous donner des informations sur les rendez-vous du mois d’avril. Aussi mon agenda ne figure-t-il pas sur cette page, contrairement à l’habitude. Le site internet du diocèse vous informera au fur et à mesure.
À mon agenda, en ces jours où beaucoup de rendez-vous sont annulés, une place importante est laissée à la prière. Nous avons spécialement invoqué saint Martial, devant ses reliques, avec les confréries, le lundi 16 mars. Mon grand prédécesseur et les saints limousins continuent d’intercéder pour nous, auprès du Maître de l’histoire. Qu’il nous délivre du mal et nous donne la joie de vivre avec Lui !
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
Retrouvez l’intégralité du Sillon, n° 826, avril 2020 en accès gratuit