Regard sur l’Histoire • Aux origines de La Souterraine
En novembre 2017, archéologues, historiens et historiens de l’art se sont penchés sur les origines de La Souterraine lors d’un colloque, organisé dans le cadre des festivités du millénaire de la ville creusoise. Les résultats de leurs travaux ont été réunis dans un ouvrage publié dans la collection des Études creusoise sous l’égide de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse.
Il aura fallu presque deux années à Jacques Roger, ingénieur d’études au SRA Nouvelle-Aquitaine, et à Stéphane Lafaye, chercheur associé de l’Université de Limoges, pour réunir dix-neuf articles sur les origines de La Souterraine de l’Antiquité à la fin du Moyen Âge. Ce travail est le fruit d’une collaboration inédite et complémentaire entre archéologues, historiens des sources écrites et historiens de l’art.
Traditionnellement, la fondation de La Souterraine est datée des environs de 1017 lorsque Gérald de Crozant, seigneur (et non vicomte) de Crozant et de Bridiers, donne une terre aux moines de Saint-Martial de Limoges pour y fonder un monastère. Cependant, le peuplement sur la commune est plus ancien et a connu plusieurs déplacements avant de se fixer et de s’étendre autour du monastère.
Les archéologues ont repris le dossier de l’agglomération gallo-romaine de Bridiers afin d’essayer d’en préciser son emprise et son importance. L’ouvrage est également l’occasion de présenter des rapports inédits de fouilles archéologiques réalisées ces trente dernières années sur et autour du site de Bridiers.
Après la disparition de l’agglomération de Bridiers, un habitat s’est aggloméré à proximité des deux mottes de Bridiers avec la construction d’une église. Ce site est certainement antérieur à la donation aux moines de Saint-Martial. La question de l’antériorité est aussi posée pour le site de La Souterraine. Les travaux dans la crypte ont montré l’existence d’un mausolée gallo-romain dont les matériaux ont peut-être été déplacés pour la construction d’un édifice de culte aux temps mérovingiens et carolingiens, sans que l’on en sache plus. Des habitats, antérieurs à la fondation connue, pourraient aussi avoir été regroupés autour de l’église ou chapelle Saint-Michel disparue depuis.
Quant à la fondation monastique, elle ne peut être datée qu’avec certitude entre 1014 et 1022. Les moines ont alors construit un monastère et une église dédiée à Notre-Dame. Ces recherches ont abouti à proposer une nouvelle hypothèse sur l’origine du nom de la ville. L’église a fait l’objet d’études approfondies de ses élévations romanes, gothiques et du XIXe siècle, de ses chapiteaux, de sa communauté de prêtres et de son mobilier. Enfin, un premier inventaire du bâti médiéval de la ville a été dressé avec d’importantes précisions sur le Fort et l’emplacement des fortifications.
Cet ouvrage est un état des recherches en cours sur les origines de La Souterraine apportant de nombreux éclairages mais aussi de nouvelles questions. Il permet aux Sostraniens de disposer d’un outil unique pour la mise en valeur de leur riche patrimoine. Souhaitons que cette démarche scientifique soit renouvelée pour d’autres sites en Limousin !
Le livre est disponible au prix de 15 euros (352 p.) à la librairie En Roue Livres à La Souterraine.