Carmel et Carême
Durant le mois de février, j’ai eu la grâce, inédite, d’effectuer la visite canonique du Carmel de Limoges, découvrant ainsi de l’intérieur cette communauté discrète, connue localement pour son atelier de fabrication d’hosties (quel beau travail pour des contemplatives de préparer le pain d’autel !) et ses biscuits délicieux…
Cette visite m’a été un vrai stimulant. Ces femmes consacrées n’ont pas fait un demi-choix. Elles ont choisi de tout donner pour le service du Seigneur et de l’Église, dans une vie cachée de prière, d’offrande, de conversion, une vie fraternelle exigeante, une vie vraiment pauvre également. Je rends grâce pour cette présence contemplative au cœur de notre diocèse, dont la fécondité invisible est de grande valeur. Dans les monastères se joue pour notre monde, pour notre Église, beaucoup plus que nous ne le pensons.
Signe éloquent : ces disciples de sainte Thérèse sont joyeuses à souhait. Leur vie donnée n’est pas une vie perdue ! C’est, à l’intérieur de la clôture du monastère, une véritable et belle aventure humaine, une étonnante liberté.
Avec la livraison de ce numéro du Sillon, s’ouvre, mercredi des cendres – 6 mars – le temps béni du Carême. Quarante jours pour faire grandir le désir de Pâques, la fête des fêtes. Les carmélites, comme beaucoup de religieux, vivent le « carême monastique » : au lieu du 6 mars, leur carême a commencé… le 14 septembre, jour de la Croix Glorieuse. Nos sœurs prennent davantage d’élan pour… s’élever plus haut.
Nous aussi, donc, « élevons notre cœur » ! Vous savez la réponse des fi-dèles quand le prêtre prononce cette phrase au commencement de la pré-face de l’Eucharistie : « Nous le tour-nons vers le Seigneur ». Prière, jeûne, partage : ces piliers du carême nous tournent vers le Seigneur. Non sans ef-fort. Mais au bout de l’effort est la joie, une joie que « nul ne nous enlèvera » (Jn 20, 22). Une joie visible dans la communauté du Carmel, la joie de l’in-cessante conversion que l’Église nous propose. En route !
Mgr Pierre-Antoine Bozo