Toussaint, fête du sens et de la joie
« Bien aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes !… Dès maintenant nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3, 1 – 1ère lecture de la Toussaint).
Les saints voient Dieu « tel qu’il est », dans une béatitude dont la beauté et l’intensité nous sont en partie seulement imaginables, mais à laquelle nous aspirons. « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ». Saint Augustin parle à ce sujet d’une « savante ignorance » : nous savons qu’il doit exister une réalité supérieure qui nous attire, mais nous ignorons ce qu’est exactement cette vie en Dieu.
La Toussaint nous indique donc la finalité bienheureuse de nos vies. Ce n’est pas le tout d’être « en marche », il faut savoir vers où nous marchons. « Le présent, même un présent pénible, peut-être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin ».
La Toussaint nous fait marcher de manière plus décidée vers cette joie de la sainteté, qui n’est pas une joie seulement pour l’au-delà – la religion n’est pas l’opium du peuple ! – mais une joie pour aujourd’hui : « la seule tristesse est de n’être pas des saints » écrivait Léon Bloy.
Peut-être, parmi les abonnés au Sillon, y aura-t-il des saints canonisés. Mais ce n’est pas ce que nous cherchons : « je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent »… chante le Ps. 130. La Toussaint met en lumière ces « classes moyennes de la sainteté », ces « saints de la porte d’à côté » dont parle le Pape François. Ils nous disent que la sainteté est pour nous, aujourd’hui, et qu’elle est la plus belle réussite de notre vie. Même s’il n’est jamais trop tard, ne perdons pas de temps, la sainteté est à notre porte et à notre portée, car l’Évangile et la grâce de Dieu sont toujours disponibles.
+ Mgr Pierre-Antoine Bozo