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Migrants • Lettre ouverte à M. le Préfet et aux élus

Depuis la fin de l’année 2018, 70 migrants, dont 20 enfants, se sont installés dans l’ancien CRDP de Limoges sur le campus de Vanteaux. Suite à un recours engagé par la Région Nouvelle Aquitaine, le tribunal administratif a décidé l’expulsion au 26 avril de ces habitants. Devant l’émoi suscité par cette décision, la collectivité locale a décidé de laisser un mois supplémentaire aux personnes concernées. L’Action Catholique Ouvrière, la Mission Ouvrière et le Conseil diocésain à la Solidarité ont fait part de leurs inquiétudes concernant l’accueil de ces personnes dans les mois à venir au Préfet de la Haute-Vienne, aux présidents du Conseil régional, du Conseil départemental, de la Communauté urbaine de Limoges et au maire de Limoges.

Sans contester le droit à la Région de récupérer ses locaux, ils s’interrogent fortement comme mouvements et militants chrétiens sur le devenir de 70 personnes dont 20 enfants – tous sont scolarisés — et souhaitent éviter que le silence ne s’installe face à une situation inhumaine : « comme décideurs, quel devenir envisagez-vous pour ces femmes, ces hommes et leurs enfants ? Pour notre part, nous ne pouvons nous résoudre à ce que ces personnes errent dans les rues de notre cité, sans toit, ni droit. Voici pourquoi nous nous permettons de vous interpeller. Nous le savons, nos valeurs chrétiennes rencontrent très souvent les valeurs humanistes et républicaines auxquelles vous vous référez Au-delà de toutes considérations sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ou sur notre triptyque républicain, il nous revient, à tous, de donner sens au mot Fraternité et de nous rappeler que derrière l’appellation « migrants », il existe des humains, êtres de chair, de cœur, identiques à nous-mêmes. C’est pourquoi nous vous sollicitons et vous prions de rechercher une solution rapide et pérenne pour l’hébergement des résidents du squat CRDP. Il appartient notamment aux services de l’État de mettre en œuvre les mesures de mise à l’abri des personnes en situation d’urgence, en réquisitionnant des locaux vacants si nécessaire ». Ils concluent cette lettre en rappelant l’urgence à accueillir au mieux ces femmes, ces hommes et leurs enfants et que leur appel fraternel s’inscrit dans les pas du Christ : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu (…) en vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». (Matthieu 25, 35-46).

Jean-Philippe Tizon, pour l’Action Catholique Ouvrière ; Francis Boyer, pour la Mission Ouvrière ; Philippe Soulmagnon, Délégué diocésain à la Solidarité.