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Débat • Barbarie, violences et religions

Le 6 octobre dernier, l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) a organisé une conférence débat sur « La barbarie, la face obscure de l’humanité ». Hasard du calendrier, le lundi 15 octobre se tenait une table ronde interreligieuse sur « Violences et religions ». Nous sommes revenus sur ces questions de barbarie et de violence en lien avec les religions, avec Peter Hulshof, pasteur de l’Église réformée de Limoges, qui a participé à ces deux rencontres.

Quand on relit l’Histoire ou bien l’actualité, les religions sont souvent au cœur des tensions. Comment l’expliquer ?

L’histoire des religions est en effet loin d’être exemplaire même si, en l’occurrence lors des guerres, d’autres facteurs étaient réellement en jeu, dont la soif du pouvoir ou les raisons d’État ! Sont-elles pour autant sources de violence ? Si je m’arrête au protestantisme, et particulièrement au courant réformé dans lequel je me situe, il y a eu quelques périodes douloureuses. Mais si je regarde les textes sources de la foi chrétienne, ceux du Nouveau Testament, je n’y vois aucun appel au meurtre, ni à la violence dans le sens de vouloir nuire. L’Évangile est véritablement une Bonne Nouvelle dans le sens qu’aussi bien l’enseignement que la vie de Jésus-Christ s’inscrivent entièrement dans la non-violence et dans la non-puissance. Un Dieu d’amour est révélé et incarné en Jésus-Christ. Cette Bonne Nouvelle est appelée à être partagée et donc à être annoncée et diffusée un peu partout. Dans ce sens, le christianisme est une religion universelle de conversion, mais vous l’aurez compris, jamais dans la violence, ni dans la contrainte, si le chrétien veut demeurer fidèle à son maître.
Ceci n’empêche pas certains d’utiliser la religion, parfois avec des textes sources à l’appui, en les manipulant, comme un moyen en vue de justifier toute action violente, voire de se mettre à la place de Dieu pour condamner l’autre, l’incroyant par excellence, l’infidèle, l’insoumis… Encore une fois, ce ne peut en aucun cas être une attitude chrétienne, puisque le Dieu de Jésus-Christ ne se révèle nullement violent, ni tout-puissant, ni comme un juge qui condamne.

Photographie : les intervenants à la table-ronde interreligieuse « Violences et religions » du 15 octobre 2018.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le numéro 810 de novembre 2018, page 14.